D69 - CLUB BAYONNE - BIARRITZ - COTE BASQUE

Virginie d’Abbadie - La Dame d’Abbadia

Virginie Vincent de Saint Bonnet est née à Lyon en 1828 dans un milieu érudit.
Un précepteur est chargé de lui enseigner un savoir qui dépasse largement l’instruction prodiguée à une jeune noble de l’époque.
A 17 ans elle écrit un recueil de ses réflexions historiques philosophiques et littéraires : « Des choses et non des mots ».
Et plus tard, elle parlera 6 langues, y compris le Basque qu’elle apprend dès son arrivée dans la région.

Lors de leur mariage, Antoine a 49 ans, Virginie en a 31.
Ils sont tous deux de fervents catholiques.
Virginie accompagne Antoine dans ses voyages.

Il est courant d’assimiler le Château d’Abbadia à l’extraordinaire personnage que fut Antoine d’Abbadie.
Cependant, même si elle est restée dans l’ombre, son épouse Virginie a largement contribué à la carrière de son mari et à la réalisation du magnifique édifice qu’est le château d’Abbadia

Le couple d’Abbadie avait rêvé ce château d’inspiration néogothique et en ont confié la construction à Eugène Viollet-le-Duc selon leurs recommandations précises.
Les travaux ont duré 20 ans de 1864 à 1884.
Dans la mesure où les fonctions scientifiques d’Antoine l’éloignent souvent du Pays Basque, c’est Virginie qui gère le chantier et est responsable de nombreux choix décoratifs.
La mode parisienne est à l’orientalisme, style qu’elle adopte et qui est très présent au château.
Avec son époux, elle participe aux décisions qui concernent les plantations, sélectionne le florilège de devises et pensées ainsi que les initiales entrelacées A et V, qui orneront les murs.
Installée à Aragorry, la maison proche, on la voit grimper sur les échafaudages, prendre le pinceau et même participer à la pose du carrelage de la chapelle.

C’est elle qui s’occupe de la gestion de ce domaine de 415 ha, 35 métairies et 240 ouvriers.

A son instigation, le couple va assumer les frais médicaux de ce personnel, et leur accorder des rentes pour bons et loyaux services.
Une sécurité sociale avant l’heure.
La chapelle qui constitue une des trois ailes du château a été conçue assez grande pour accueillir les ouvriers qui le désirent.

Passionnée de littérature, excellente pianiste, sculptrice, c’est aussi une maitresse de maison très appréciée.
Pierre Loti est un habitué du domaine, et Virginie et lui ont de longues conversations : rhétorique, introspection.
Elle le conseille, le sermonne ou l’encourage.
Il lui dédie son roman « Ramuntcho ».

Lorsque le château se termine, Virginie a 56 ans et Antoine en a 74.
Sur le linteau de la porte d’entrée : « Cent-mille bienvenues »

Les lieux se peuplent des animaux de compagnie de la chatelaine qui vivent en toute liberté : ses lévriers, deux patous (énormes chiens des Pyrénées) ses chats, ses deux aigles.
Et perché sur son épaule, Koko, le vieux cacatoès qui ne sait dire que « Purgatoire » !

En dépit de son statut social, deux mots illustrent cette personnalité peu connue : Humilité et humanité.

Est-ce elle qui a choisi la devise des vitraux de l’escalier d’honneur ? « Plus être que paraître »

Devise de la chambre de Virginie :

Triple est la marche du temps : hésitant, mystérieux, l’avenir vient vers nous
Rapide comme la flèche, le présent s’enfuit ;
Eternel, immuable, le passé demeure.

Les deux époux reposent côte à côte, dans une crypte sous l’autel de la chapelle.

Chantal Laborde - Editrice