Connaissez-vous l’haptonomie ?

Connaissez-vous l’haptonomie ?

Formé à partir de deux mots grecs (haptein et nomos), le mot haptonomie signifie « contact tactile pour rendre sain et entier ».

Frans Veldman, le fondateur de l’haptonomie était étudiant en médecine lorsque la 2ème guerre mondiale a commencé. Il est alors le témoin de l’un des pires épisodes de l’histoire de l’humanité mais également témoin de magnifiques expériences, issues de la bonté, de la solidarité et du courage (c’est ainsi qu’il en parlait). Il s’est demandé comment certaines personnes parvenaient à faire face à l’adversité alors que d’autres étaient complètement brisées et anéanties. C’est ainsi qu’il prend la mesure de l’importance majeure, dans les rapports humains, de ce qu’il appelle l’Affectivité ; il consacrera le reste de sa vie à en étudier les effets.

L’Affectivité est une entité à part entière au sein de l’appareil psychique, réunissant tout ce qui est du registre des perceptions, des sensations, des sentiments et des affects. Ce tout, joue un rôle fondamental dans le développement d’une personne et dans son existence puisqu’il fonctionne comme un filtre à travers lequel passent les perceptions internes et externes pour les faire remonter à la conscience.

Cette approche dite affective permet d’accueillir l’autre tel qu’il est, tout au long de sa vie, c’est-à-dire depuis la période prénatale jusqu’à l’accompagnement de la fin de vie.

La thérapie haptonomique vise à établir, développer ou bien restaurer l’équilibre psycho-affectif lors d’une crise existentielle. Cela procure un sentiment de complétude, de sécurité et de sureté de soi, libérant alors une parole intime et authentique, remaniant la manière d’être au monde, de le percevoir et de le vivre.

 

L’approche haptonomique passe par le contact tactile direct. Mais pourquoi recourir au tact, au peau à peau ?

Il faut savoir qu’in utero, la peau est le 1er organe sensoriel à se développer (dès la fin du 2ème mois de gestation) ; par conséquent, le toucher est le 1er sens dont l’enfant dispose pour entrer en relation avec le monde qui l’entoure. Tout au long de la vie, le toucher permet de graduer les stimuli c’est-à-dire de les évaluer et de les hiérarchiser dans notre monde intérieur. La peau est également une enveloppe vitale qui permet de discerner le chaud, le froid, la forme des objets, leur texture, la qualité du toucher dans toutes ses dimensions (caresse, pression, pincement, etc.), mais aussi l’atmosphère d’un lieu et aussi la douleur. Elle joue donc un rôle de capteur sensoriel.

De surcroit elle joue un rôle d’émetteur c’est-à-dire qu’elle transmet des informations sur ce qu’une personne est en train de vivre (comme le fait de rougir ou développer un eczéma), sur ce qu’on a vécu par le passé (comme les cicatrices, les rides) mais aussi sur nos origines (coloration de la peau, les tatouages).

La peau est donc le moyen par lequel on perçoit, par lequel on ressent et par lequel on s’exprime.

De ce fait, le contact et la présence haptonomiques permettent de développer la sécurité intérieure, la confiance en soi et de procurer un sentiment de complétude. Il s’agit de remettre du mouvement là où tout semble figé, de rassembler là où tout semble fragmenté voire morcelé. Dans le cadre de la douleur chronique, un apaisement de l’angoisse et une modification du tonus musculaire permettent ainsi d’avoir un ressenti et un vécu différent de soi et de la douleur.

J’ai recueilli le témoignage de patients que j’ai reçus en consultation lundi dernier : « C’est l’approche qui déverrouille le plus de choses », « Ça remue mais ça fait passer les choses moins difficilement » ; « J’ai pu parler de choses que je gardais depuis 40 ans », « j’ai un peu plus confiance en moi et je commence à m’affirmer » ; « Je ressens un mieux-être ».

CLUB DE CREPY EN VALOIS

 

 

Texte reçu de Madame Laurence Herbinière

Psychologue clinicienne, Centre hospitalier Compiègne-Noyon

Unité de soins palliatifs